Thursday, September 12, 2013

Servir Le Peuple - Il y a 40 ans au Chili, l'AUTRE 11 Septembre...



Dictadura+Militar+ArgentinaEn 1973, au cœur du Cône Sud de l'Amérique latine, le jour se levait sur un 11 septembre qui, depuis  - et comme s'il y avait une 'justice' - effacé par un autre, devait rester de sinistre mémoire pour tous les peuples semi-colonisés de la planète et plonger tout un peuple dans une nuit de 15 ans.
Arrivé au pouvoir trois ans plus tôt sur la base d'une alliance (l'Unité populaire) entre son Parti socialiste, le PC révisionniste pro-soviétique (si révisionniste que certains courants du PS étaient plus radicaux !) et d'autres petites forces de gauche, avec l'appui pour son élection des démocrates-chrétiens (qui se retourneront ensuite contre lui), le président socialiste Salvador Allende était renversé et 'suicidé' par le sinistre et mondialement connu général Pinochet.
Pendant trois ans, avec l'appui de l'URSS (pour qui tout ce qui pouvait affaiblir l'impérialisme US dans son 'pré carré' des Amériques était bon à prendre) et de Cuba, qui avait alors renoncé à la voie allendearmée après les échecs dans de nombreux pays et (notamment) la mort du Che en Bolivie, l'Unité populaire tenta donc de mener au Chili une révolution anti-impérialiste, démocratique et anticapitaliste, socialiste... par la voie 'démocratique', 'parlementaire' et 'pacifique'.
Il est faux de dire que les masses populaires chiliennes n'étaient 'pas mobilisées', 'avalant' les réformes passivement assises dans un fauteuil : elles l'étaient très largement, dans les usines, les quartiers comme les campagnes, en assemblées, conseils et autres comités de lutte, parvenant parfois à mettre en échec des manœuvres réactionnaires comme la pseudo 'grève' des camionneurs, téléguidée par l'impérialisme yankee pour 300px-Allende supportersparalyser le pays. Ce qui est vrai, c'est qu'elles n'étaient pas ARMÉES, ceci était refusé catégoriquement par Allende qui, sur ce point, avait plus l'appui du P'c' que du secrétaire général de son propre Parti, Carlos Altamirano, qui y était favorable. La vieille Armée, chienne de garde de l'oligarchie bureaucratique-compradore-terrateniente, la police, les carabiniers gardaient donc le monopole de la force militaire, sans laquelle tout est illusion. Pendant ce temps, pour éviter à tout prix de 'perdre' un autre pays latino-américain après Cuba, l'impérialisme US de Nixon et Kissinger employait tous les moyens : coupure de toute aide économique sauf... à l'Armée, boycott du cuivre (principale exportation du pays), 'grèves' réactionnaires comme celles des camionneurs et 'mouvements civiques' comme celui des 'casseroles vides', terrorisme, paramilitarisme... Pour 'calmer' les forces de droite, qui organisaient depuis des mois la déstabilisation et même la terreur paramilitaire avec des groupes comme Patria y Libertad, Allende lui-même avait nommé chef des armées Augusto Pinochet, anticommuniste déclaré mais chez qui (pensait-il ou lui avait-on fait penser) le loyalisme primerait.
Incompréhension fondamentale de ce qu'est l’État (en l'occurrence semi-féodal semi-colonial), l'impérialisme et une révolution (en l'occurrence, de Nouvelle Démocratie), telle est la première grande signification du coup d’État chilien de 1973, le continent ayant connu bien d'autres golpes et d'autres dictatures militaires fascistes. Le PC (principale force populaire du pays) se lancera ensuite dans la résistance armée, avec le "Front patriotique Manuel Rodriguez", mais c'était bien trop tard et il était bien seul, les autres forces révolutionnaires conséquentes (telles le MIR ou le PCR) ayant été écrasées dans les premiers mois de la junte... par sa faute.
pueblo-bandera-mirLa deuxième signification, c'est évidemment la nécessité d'un Parti comme état-major révolutionnaire des masses, d'une conception du monde et d'une stratégie révolutionnaire. Car au-delà de l'Unité populaire réformiste, les forces révolutionnaires étaient divisées et prisonnières de grandes limites de conception du monde : le MIR (Mouvement de la gauche révolutionnaire, proche du PRT-ERP argentin, des Tupamaros d'Uruguay, etc.), 'soutien critique' à l'UP et totalement liquidé dans les premières années de la dictature, était globalement sur une ligne guévariste de 'foyer' mir-21.jpgguérillero rural et (surtout) urbain (dans le conception Tupamaros ou Marighella) ; tandis que le PCR (Parti communiste révolutionnaire), pro-chinois (ce qui ne veut pas n'a jamais voulu dire maoïste), était évidemment très hostile à l'UP pro-soviétique mais, surtout, était dans les limites idéologiques d'une très large partie de l''anti-révisionnisme' de l'époque, qui consistait bien souvent à 'revenir' aux PC 'sains' d'avant 1956, sur une ligne peut-être plus 'dure', mais sans comprendre quelles limites de ceux-ci, justement, les avaient entraîné dans le marécage khrouchtchévien, parlementariste, légaliste etc. etc. Si ce qu'il restait de ce PCR participera en 1984 au MRI maoïste (avant de rapidement disparaître, il y a aujourd'hui plusieurs groupes maoïstes dans le pays), la majeure partie partira à la fin des années 1970 pour fonder le PC "Action prolétaire", hoxhiste ('albanais'). Il faut dire que l'attitude de la Chine (dont Deng Xiaoping dirigeait alors les affaires étrangères), lors du coup d’État et par la suite, de quasi-soutien à la junte ne pouvait que plonger dans un grand désarroi les forces se réclamant de ce modèle (contrairement à ceux se réclamant de Cuba, qui n'avaient ni ce problème ni celui de la 'timidité' de l'aide soviétique sur la fin). Clairement donc, si l'Unité populaire n'ouvrait pas forcément moins de perspectives que la Révolution de Février 1917 en Russie, il manquait un Parti révolutionnaire pour construire un véritable Pouvoir populaire à la base, une Guerre du Peuple etc. Le mouvement communiste international était déjà entré dans une crise profonde d'idéologie, de stratégie et de leadership.
Relatives-of-victims-of-General-Augusto-Pinochets-military-La troisième signification, avec d'autres dictatures fascistes du même type qui se coordonneront en 1975 dans le sinistre Plan Condor, c'est que le 11 Septembre chilien marque l'entrée dans l'OFFENSIVE FINALE de la guerre que livre, depuis peut-être 1945, l'impérialisme US à la fois contre les forces révolutionnaires, les nationalismes bourgeois et les tendances éventuellement pro-soviétiques ou 'non-alignées' de certains secteurs possédants, pour un CONTRÔLE IMPÉRIALISTE TOTAL et une exploitation sans limites de son hémisphère 'pré carré' américain. Après le retour de la 'démocratie' oligarchique, cette impérialisation totale sera appelée 'néolibéralisme', qui est en fait le nom de la théorie kissinger-nixon1.jpgéconomique bourgeoise (Milton Friedman) qui sera notamment mise en œuvre au Chili... sous Pinochet, pour aussurer un contrôle total de l'économie aux monopoles impérialistes (principalement US) et empêcher les secteurs nationalistes bourgeois, par la création d'un grand secteur public, de 'rééquilibrer' un peu la répartition du produit national entre les pays du continent et l'impérialisme.
Le bilan de tout cela, on le sait, fut des dizaines de milliers de morts et de disparus (des centaines de milliers à l'échelle du continent).
C'est la raison pour laquelle, par exemple, au début de l'année, nous avons été intransigeants sur la qualification de 'fasciste' appliquée à des régimes ressemblant, précisément... à celui d'Allende, ce que les pires détracteurs de celui-ci eux-mêmes (comme le PCR), à l'époque, n'avaient pas osé. Pour nous, communistes, le visage du fascisme en Amérique latine est clairement celui de Pinochet, de ses congénères argentins, d'Hugo Banzer en Bolivie, d'Efraín Rios Montt au Guatemala, ou celui, 'moderne', de Fujimori au Pérou ou Uribe en Colombie : la dictature terroriste ouverte des AGENTS de la fraction la plus réactionnaire du Capital impérialiste. Le péronisme, dans une certaine mesure, a dans le champ politique bourgeois le positionnement complexe et ambigu du gaullisme, un gaullisme de pays émergent (ce qu'était l'Argentine à l'époque) ; la France était d'ailleurs l'un de ses 'partenaires' impérialistes privilégiés et l’État espagnol franquiste, protégé de l'impérialisme BBR, le refuge de son exil. Mais en aucun cas il ne peut avoir le visage de dirigeants qui apportent aux masses des salaires minimum et des dispensaires médicaux, des cours d'alphabétisation et non des rafales de mitraillette systématiques comme unique méthode de URIHITLER.jpg gouvernement : cela s'appelle du réformisme. Nous ne sommes pas tombés de la dernière pluie ; nous savons que les caudillos populistes et 'réformateurs' sont une spécialité du continent américain ; et nous n'avons pas accueilli en 1999 l'élection d'Hugo Chavez avec un enthousiasme et des illusions particulières. En revanche, si de 'socialisme du 21e siècle' il n'y avait pas plus l'ombre (voire moins !) que de 'socialisme par les voies démocratiques et légales' au Chili en 1973, il y a eu en avril 2002 un coup d’État du 21e siècle, un de ces coups d’État 'modernes' de l'ère de l'information (bien que le Chili de 1973 ait déjà donné un avant-goût de cela), appuyé sur un pseudo-mouvement de la 'société civile' et plaçant, pour faire moins 'tâche', un civil sur le trône ; comme ce qui a finalement réussi plus tard au Honduras et dernièrement en Égypte. Et ce coup d’État a été DÉJOUÉ, par la mobilisation des masses - mobilisation très largement armée - qui a forcé l'armée et la police à reculer et à 'lâcher' les putschistes : c'est cela, et uniquement cela qui faisait pour pedro-carmona-golpe-de-estado-venezuelanous la spécificité d'Hugo Chavez, et le fait que l'on ne pouvait plus dès lors le considérer, et considérer ses bourgeons sur le continent, en Bolivie, en Équateur etc., comme des "régimes bureaucratiques compradores" comme les autres : si mince soient les perspectives qu'ils ouvraient, leur renversement réactionnaire les anéantissait, peut-être pour de très longues années (leur renversement révolutionnaire, nous n'avons jamais été contre, mais il ne semblait pas trop à l'ordre du jour !). Avec peut-être, à la clé, la boucherie pour les masses subie par le Chili après 1973, l'Argentine après 1976, le Guatemala au début des années 1980 etc. Il était du devoir de révolutionnaires internationalistes de refuser de telles contre-offensives de la droite oligarchique, et tout ce qui dans la propagande médiatique occidentale visait à les appuyer ; nonobstant ce qui chez ces dirigeants ne nous plaisait pas et l'absence de toute illusion à leur égard. C'est tout ! Finalement, le renversement réactionnaire ne s'est pas produit et lorsque l'occasion se présente, les gouvernements vénézuélien, bolivien, équatorien ou nicaraguayen sont dénoncés par nous comme des gouvernements social-traîtres... comme les autres.
Ceci dit, il semble que les grands tenants de la thèse "Chavez fasciste" soient quelque peu revenus sur leur position : dans un document de ce jour sur le coup d’État au Chili, document aux positions tout à fait correctes si l'on fait abstraction d'une certaine vision simpliste des choses et des rapports de force (UP décrite comme monolithique et sans contradictions, Cuba pure courroie de transmission de Moscou) et de certaines omissions (le rôle de l'impérialisme US ?), le coup d’État est bien qualifié de FASCISTE, Allende et l'UP de RÉFORMISTES et Chavez... de nouvel Allende. Donc réformiste, si l'on suit le raisonnement. CQFD... Nous n'avons jamais rien dit d'autre ! Cela étant, il est reproché à Allende de ne pas avoir armé les masses... or, c'est ce que Chavez a (un peu) fait, et qui l'a très certainement sauvé (la perspective 'guerre civile' ayant sans doute détourné la majorité des officiers du putsch en 2002). Si Allende en avait fait autant, nul doute qu'il se serait trouvé 5 ou 10 ans plus tard des énergumènes pour le qualifier de 'fasciste', qui n'aurait fait que "restructurer le capitalisme bureaucratique" (ce qui eût été vrai), etc. etc.... On ne saura jamais ! La politique commande au fusil, et le réformisme ou le révisionnisme armé, cela peut tout à fait exister, dans le maquis et pourquoi pas au pouvoir. Dans ce cas, le poisson réformiste pourrit tranquillement par la tête, jusqu'à devenir lui-même... la droite, dans un référentiel politique qui s'est déplacé (comme typiquement le PRI mexicain, ou le MNR bolivien) ; ou perdre le pouvoir, comme vient de faillir le faire le successeur de Chavez. Mais en tout cas a-t-on évité, sur le moment, la terreur blanche, le génocide pour les masses populaires... en un mot, le FASCISME ; ce que n'était ni Allende, ni Chavez.

Aujourd’hui, quatre ans après les évènements du Honduras (où sous une présidence de droite dure les assassinats de militants sociaux se poursuivent dans le silence) et alors que de nouveaux Pinochet viennent de sévir en Égypte, non contre un quelconque projet ‘socialiste’ mais simplement contre le ‘capitalisme d’en bas’ (‘populaire’, spontané) représenté par les Frères musulmans, pour maintenir un néocolonialisme total, nous ne pouvons que saluer haut et fort les martyrs révolutionnaires et progressistes du Chili, d’Argentine et d’ailleurs, et œuvrer, au cœur d’un des plus agressifs États impérialistes de la planète, à la Révolution prolétarienne mondiale qui bientôt balaiera l’impérialisme et son arme ultime, le FASCISME, dans les poubelles de l’Histoire !
envencible guerra populara 3 montanas

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