Il est important aujourd’hui de réaffirmer le caractère de classe de la Résistance et du combat qui a été mené face à une droitisation de plus en plus importante de l’historiographique française à ce sujet. Entre le mythe des « vichysto-résistants », de la « gauche qui aurait plus collaboré que l’extrême-droite » ou encore de « la Résistance qui serait finalement un tout interclassiste », il est vital de rappeler que ce sont majoritairement les masses populaires qui se sont lancées dans la Résistance et qui ont mené la lutte armée, là où d’autres secteurs de la Résistance affiliés à Londres où à la droite, n’attendaient que le débarquement des Alliés.
Car c’est bel et bien la bourgeoisie française qui s’est jetée dans les bras d’Hitler. Dès 36, elle prend pour mot d’ordre « Tout, plutôt que Blum ! » ; en 39, elle refuse d’attaquer l’Allemagne malgré la déclaration de guerre, espérant voir les armées du IIIe Reich saigner l’URSS ; et en 40, elle perd en six semaines. C’est bel et bien elle qui a massivement participé à la collaboration économique (pensons à Louis Renault par exemple, que sa famille tente de réhabiliter aujourd’hui) et également participé à l’élimination des communistes et des résistants sous les balles et la torture.
Se souvenir des partisans qui ont donné leur vie pour la Résistance, c’est se souvenir de la classe ouvrière qui s’est majoritairement dressée contre l’occupant, en résistant de façon passive ou active. Nous ne pouvons plus aujourd’hui admettre que la bourgeoisie qui a collaboré il y a 70 ans, vienne nous dire aujourd’hui que c’est elle qui a le plus résisté !
La lutte de libération nationale et la guerre de résistance menées par le Parti Communiste Français et le prolétariat peuvent-être considérées comme un prémisse de la guerre populaire prolongée dans un pays impérialiste, comme expliqué dans nos textes de base. Il est important d’étudier le phénomène de la résistance puis de l’insurrection de Paris, et de comprendre comment le PCF, qui avait toutes les cartes en main à partir de 1944, n’a pas cherché à aller jusqu’au bout de la guerre des partisans et de l’insurrection, c’est à dire prendre le pouvoir dans l’État Français. Ce texte se veut une pierre à cet édifice, en introduisant la lutte armée et l’insurrection de Paris entre le 19 et le 25 août 1944.
Lorsque le Troisième Reich attaque l’URSS en Juin 1941, les soviétiques demandent expressément à leurs Alliés occidentaux d’ouvrir au plus vite un deuxième front pour prendre en tenaille Hitler et ses armées qui sont lancées dans la conquête de l’URSS. Pour des raisons évidentes, les Alliés vont faire traîner l’ouverture de ce deuxième front, espérant sans doute qu’Hitler arriverait à vaincre l’URSS pour ensuite négocier avec lui. Il faut attendre la victoire de Stalingrad en Février 1943 pour que le Prêt-Bail (c’est à dire l’envoi de matériel des Alliés en URSS) commence à prendre pleinement effet et la victoire lors de la bataille de Koursk en Août 1943 pour que l’URSS et les Alliés se mettent d’accord pour l’ouverture d’un second front en Europe.
Les anglo-américains avaient d’ores et déjà commencé des opérations, comme le débarquement en Afrique du Nord en 1942 puis le débarquement en Sicile, mais ces choix sont faits uniquement dans un but de renforcer la domination des Alliés Occidentaux. Le débarquement en Afrique du Nord est une tentative de vouloir faire un “Vichy sans Vichy” en s’appuyant sur l’Amiral Darlan par exemple, contre De Gaulle qui cherche depuis Londres à se poser comme seul et unique dépositaire de la résistance française. Le débarquement en Sicile vise avant tout à neutraliser le régime de Mussolini en plaçant des éléments sûrs qui éviteront que le Parti Communiste Italien ne puisse prendre le pouvoir à la Libération.
Le choix du débarquement en 1944 est également motivé par des intérêts géopolitiques évidents, puisque après la bataille de Koursk, l’Armée Rouge est sur le point de lancer une grande offensive qui va chasser les forces de l’impérialisme allemand de son territoire et lui permettre d’entamer la libération de l’Europe de l’Est. Une course contre la montre est alors engagée. L’Opération Overlord (le débarquement du 6 Juin 1944) est une réponse directe au plan soviétique baptisé Opération Bagration, la plus grande opération militaire terrestre de l’histoire. Les impérialistes états-uniens ne veulent pas d’un gouvernement national, notamment dirigé par De Gaulle, partisan d’un impérialisme français autonome et veulent encore moins laisser de la marge aux communistes sur le territoire national. Ils tenteront d’ailleurs de mettre en place un régime militaire sous la juridiction de l’AMGOT (Gouvernement militaire allié des territoires occupés), mais ces tentatives échoueront.
Contrairement à une idée largement répandue chez les anticommunistes et dans l’historiographie bourgeoise, le Parti Communiste Français n’a pas attendu Juin 1941 et l’attaque de l’URSS pour entrer dans la Résistance. L’appel du 17 juin 1940 lancé par Tillon est là pour le prouver. Les militants les plus avancés de la classe ouvrière et du prolétariat, généralement communistes, sont les premiers à se lancer dans la reconstruction d’organisation clandestines, là ou le PCF d’avant guerre était totalement légaliste.
L’organisation des Jeunes filles de France, organisation de femmes dirigée par le PCF, est l’une des premières à se restructurer et à lancer la lutte lorsque le Parti est en déroute. De nombreuses femmes participeront à la Résistance, souvent dans des missions périlleuses en transmettant des messages, cachant des armes ou des réfractaires du STO. Lors de l’insurrection de Paris, elles seront sur les barricades avec des armes et elles continueront à jouer un rôle important dans la transmission des ordres et missives.
La lutte entre les classes prend la forme principale, pour le prolétariat Français, de la lutte contre l’occupant Allemand. Les grèves se multiplient, pour la hausse des salaires, contre la discipline militaire et contre l’occupation Allemande (voir l’annexion pour l’Alsace). En mai 1941, par exemple, 100 000 mineurs du Nord-Pas-de-Calais font grève, encadrés par les communistes et unis largement aux masses, au prix de 270 déportés.
Juin 1941 marque alors une nouvelle étape dans l’organisation et la structuration du mouvement à l’échelle national, avec bientôt les premières actions armées, notamment celle du Colonel Fabien (Pierre Georges) qui abattra un soldat allemand à la station Barbès, marquant ainsi le début concret de la lutte armée. Cette attaque est la première d’une longue série. Les communistes, avec leurs deux organisations armées de l’époque, l’Organisation Spéciale et les Bataillons de la Jeunesse (forces combattantes respectives du PCF et de la Jeunesse Communistes), veulent faire comprendre aux forces d’occupation qu’elles ne sont en sécurité nul part, et porter à l’ennemi des coups qui rendraient l’occupation trop coûteuse. Finalement, on voit déjà dans cette option stratégique que le but n’est pas de donner le pouvoir à classe ouvrière en construisant le double pouvoir, mais de chasser l’envahisseur et de libérer la nation. Toutefois, ce double pouvoir va de fait se construire car c’est le seul moyen pour le PCF et ses organisations de soulever les masses contre l’occupant.
Finalement, les deux organisations communistes formeront les Francs-Tireurs et Partisans, qui eux même s’élargiront en Franc-Tireurs et Partisans Français, ouverts aux non-communistes. À ce moment-là, De Gaulle s’oppose radicalement à toute volonté de mener une guerre de résistance et de partisans sur le territoire national, il considère que le rôle de la résistance est uniquement du renseignement pour préparer un futur débarquement, la guerre doit être “menée par ceux qui savent la faire”.
Le parachutage de matériel sera d’ailleurs assez pauvre pour les combattants de la résistance communiste, devant le plus souvent compter sur leurs propres forces ou sur quelques envoyés de Londres non pétri d’anticommunisme pour avoir des armes. La plupart du temps, les armes sont prises directement à l’ennemi, récupérée dans des planques ou les soldats alliées défaits avaient enterrés leurs fusils, construites dans des ateliers clandestins, ou carrément sorties des usines par des ouvriers résistants.
Lorsque les Alliés débarquent en Juin 1944, les unités de partisans et des FFI (organisation regroupant toutes les organisations armées du territoire sous une direction tactique commune) sont présentes sur l’ensemble du territoire, pratiquant le sabotage, les embuscades et préparant activement l’insurrection nationale. La lutte armée s’intensifie. C’est le Parti Communiste qui le 19 Août, lance officiellement l’appel à l’insurrection dans Paris à l’approche des troupes de la 2ème DB de Leclerc. À l’intérieur de Paris, ce sont les forces de la résistance et du Front National dirigé notamment par les communistes, qui obligent les forces nazies à se battre dans des poches disséminées dans la ville. C’est le Colonel Fabien ainsi que le Colonel Rol-Tanguy, qui seront les deux principaux chefs de l’insurrection parisienne, qui va durer jusqu’au 25 Août 1944. Le 26 Août, De Gaulle fait un défilé triomphal en dévalant les Champs-Élysées, en se mettant d’accord avec les troupes américaines pour que les troupes qui défileront soient exclusivement blanches, mettant de côté les troupes coloniales ou les afro-américains.
Le 15 Août, un autre débarquement se déroule cette fois-ci en Provence. Le Parti Communiste et ses troupes participent à la prise de nombreuses villes comme Marseille, Lyon, Grenoble, Limoges, etc. Des Comités de Libération sont alors mis en place et un véritable double-pouvoir est instauré. En Corse, ce sont les FFI qui parviennent à libérer l’île. À Monaco, ce sont les forces communistes et les FTP qui libèrent la principauté, proclamant même qu’ils mettront en place une république populaire de Monaco ! La direction régionale puis nationale du PCF s’opposera à ce mot d’ordre, clamant que “Monaco c’est la France !”.
À ce moment-là, le PCF va faire le choix de ne pas jouer s’appuyer sur le double-pouvoir et de trouver un compromis avec De Gaulle. Le retour de Thorez marque la ligne que va emprunter le PCF : « Une seule armée, une seule police, une seule administration ! ». Les Comités de Libération, formés par les anciens syndicats clandestins, les organisations du Front National de Libération et les comités populaires, sont dissous, ainsi que les FTP et les multiples comités régionaux ou départementaux qui commençaient à diriger et réorganiser les zones qu’ils tenaient. Pourtant, les organisations combattantes ou non du PCF sont des embryons de contre-pouvoir ouvriers, comme les comités syndicaux clandestins, les organisations de quartier, etc.
L’expérience de la lutte armée sur le territoire de l’État Français durant la Résistance antifasciste, prouve avec justesse les enseignements du Président Mao quand il nous disait que « Le pouvoir est au bout du fusil », ou encore quand les Camarades du Pérou clamaient avec justesse que « Sans le pouvoir, tout est illusion ! ». Alors que dans toute l’Europe, la levée en masse des partisans à lieu (on compte 2,5 millions de « soldats sans uniformes » aux arrières des allemands face à l’URSS), que la guerre civile se prépare en Grèce, que les partisans italiens libèrent des territoires par leurs propres forces, il est évident que les forces armées populaires ont la capacité de lancer un mouvement révolutionnaire. Ce sont d’un côté le seul État socialiste de l’époque (l’URSS) et les nombreux partisans menés par les Partis communistes qui ont participé à la libération de l’Europe.
Le PCF continue encore aujourd’hui à clamer que le rapport de force lui était défavorable, qu’il n’y avait pas d’autres moyens à ce moment-là et qu’il ne fallait surtout pas prendre le pouvoir. Certes, au moment de la Libération le poids politique du PCF fait qu’il est le premier parti de France et il impose notamment le programme du CNR, qui met en place notamment la Sécurité Sociale, met en place EDF et d’autres grandes entreprises nationalisées… Mais à quel prix ? Celui de la restructuration de l’appareil d’État bourgeois par De Gaulle et ses alliés, ces mêmes alliés politiques de la Résistance qui ficheront le PCF à la porte du gouvernement en 1947, comme ils l’avaient interdit en 1939 lors de la signature du pacte germano-soviétique.
En refusant de mener jusqu’au bout l’insurrection, le PCF a démontré qu’il n’avait pas de stratégie pour la prise de pouvoir révolutionnaire en France, alors qu’il disposait des instruments pour y parvenir : le Parti (PCF), le Front (Front National) et la Force Armée (FTP, puis les Milices Patriotiques). Son unique vision était la même qu’en 1936 durant le Front Populaire, celle d’accéder par la voie pacifique au pouvoir, par en haut, en utilisant “tous les bons côtés de la République”. En Italie voisine, le Parti Communiste Italien pratiquera exactement la même politique de compromission, jugeant qu’il était possible de manière graduelle et pacifique d’arriver au pouvoir et d’établir le socialisme.
C’est donc par un choix politique délibéré que le PCF a décidé de déposer les armes en 1945 et de rentrer dans le rang. Même si nous disposons aujourd’hui encore de quelques conquêtes issues de la résistance, est-ce que la révolution n’aurait tout simplement pas été le remède pour éviter que ces même conquêtes de haute lutte, soient intégralement remises en cause par la bourgeoisie ? C’est à nous aujourd’hui, communistes dans l’État Français, armés de l’idéologie MLM, d’étudier la lutte des partisans contre l’occupant nazi et d’en tirer un bilan afin de préparer la guerre populaire prolongée au sein de l’État Français.
VIVE LES FRANCS TIREURS ET PARTISANS !
VIVE LA LUTTE ARMÉE DIRIGÉE PAR LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS DURANT L’OCCUPATION !
OSONS LUTTER, OSONS VAINCRE
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