Cela
fait maintenant plus de vingt jours que les travailleurs et les
travailleuses de l’automobile aux États-Unis ont amorcé une grève
nationale contre la multinationale capitaliste Général Motors (GM) – le
plus grand constructeur automobile américain. Ce sont ainsi plus de
46 000 ouvriers et ouvrières qui ont cessé de produire et qui se sont
mobilisés dans le but d’améliorer leurs conditions de travail et afin
d’obtenir un nouveau contrat de travail satisfaisant. Plus de 30
installations de GM, réparties dans neuf États américains, sont touchées
par la grève. Des ouvriers et des ouvrières ont aussi réussi à faire
fermer d’autres installations de sous-contractants, notamment au
Tennessee.
Sans être historique, la grève des ouvriers et des ouvrières de l’automobile est tout de même un événement important puisqu’elle mobilise des dizaines de milliers de prolétaires. Plus encore, ces dizaines de milliers de prolétaires proviennent de certains des grands groupes du prolétariat – notamment celui des Opérateurs et ouvriers spécialisés (OS) ainsi que celui des Ouvriers qualifiés dans la production – qui se trouvent au cœur de la production capitaliste des richesses et, par conséquent, au cœur de la lutte entre le Capital et le travail.
Au centre du litige entre GM et ses employés, on retrouve les questions des salaires, de la sécurité d’emploi et du régime de pension. Pour le dire simplement, les travailleurs et les travailleuses veulent obtenir une
part plus importante des profits de la compagnie (GM a généré plus de
30 milliards de dollars de profits au cours des cinq dernières années). Or, la multinationale, prévoyant une diminution des ventes d’automobiles dans le monde, veut quant à elle abaisser ses coûts de main-d’œuvre au niveau de ceux que l’on retrouve dans les usines américaines détenues par des constructeurs étrangers. Rappelons que le salaire des ouvriers de production les mieux rémunérés aux États-Unis est d’environ 30 dollars (US) l’heure, et que le coût total de la main-d’œuvre chez GM, en incluant les avantages sociaux, s’élève à environ 63 dollars l’heure par travailleur, contre une moyenne de 50 dollars dans les usines gérées par des constructeurs étrangers (lesquelles sont principalement installées dans les États du Sud où les salaires sont historiquement plus bas).
Par ailleurs, GM cherche aussi à déplacer la rémunération vers des
sommes forfaitaires qui dépendront des gains de la compagnie, tandis que
les travailleurs et les travailleuses souhaitent des augmentations de leur salaire horaire qui seront toujours là si l’économie commence à mal aller. Finalement, les ouvriers dénoncent les plans de la compagnie de fermer quatre usines – soit une
usine de montage à Lordstown (Ohio), des usines de transmission à
Warren (Michigan) et à Baltimore ainsi qu’une usine d’assemblage de
Hamtramck (train) à Détroit. Depuis la grande crise des subprimes, GM a cherché à faire pression pour contrôler les coûts fixes (en limitant les hausses des salaires et en s’attaquant au régime de pension), faisant ainsi payer aux travailleurs et aux travailleuses les frais de la faillite de la multinationale – qui rappelons-le, doit sa survie au plan de sauvetage de l’État fédéral qui avait injecté des milliards de dollars dans l’entreprise et dont une partie avait été consacrée à offrir à ses dirigeants d’astronomiques hausses de rémunération.
Entre-temps,
les négociateurs de Ford Motor Co. et de Fiat Chrysler Automobiles NV
ont indiqué qu’ils avaient conclu des accords provisoires avec le United
Auto Workers (UAW), principal syndicat de l’automobile aux États-Unis.
Les deux entreprises ont ainsi convenu avec le syndicat de prolonger le
contrat de 2015 pendant que le syndicat continue de négocier avec GM. En
effet, il est de coutume dans l’industrie de l’automobile d’attendre
qu’un premier contrat soit signé afin qu’il serve par la suite de modèle
pour toutes les autres négociations de conventions collectives entre
les constructeurs et les travailleurs. Ainsi donc, quelle que soit
l’entente qui surviendra entre GM et ses employés, celle-ci constituera
le cadre des offres qui seront présentées plus tard aux membres Ford et
Fiat Chrysler.
Peu
importe, pour l’instant, quelle sera la conclusion du conflit, il est
déjà possible de constater un certain nombre de faits. Pour commencer,
la mobilisation des ouvriers et des ouvrières produit un impact
indéniable en créant un rapport de force plus favorable aux travailleurs
et aux travailleuses. Ensuite, en cessant de travailler, les ouvriers
et les ouvrières mettent en place les conditions nécessaires pour forcer
GM à concéder des améliorations. En effet, une des particularités de la
compagnie GM est la grande concentration de sa force de travail dans
une région: le Michigan. Plus précisément, ce sont plus de 17 000
travailleurs et travailleuses qui œuvrent dans les usines GM de cette
région. Or, certains experts et économistes bourgeois affirment que la
poursuite du conflit risque de plonger l’État du Michigan dans une
récession dont les effets pourraient prendre du temps à se dissiper.
Cela dit, faire la grève entraîne forcément certains contrecoups pouvant affecter d’autres travailleurs et d’autres travailleuses (désordre, pas de production, etc.). Ainsi, du fait de la grève aux États-Unis, certains constructeurs automobiles ont dû recourir à des mises à pied (c’est-à-dire à des suspensions temporaires de contrats de travail), puisqu’il n’y a aucune usine GM à approvisionner. Par exemple, en raison de la grève, GM a dû ralentir la production dans ses
usines de montage au Mexique. L’impact de la grève s’est aussi fait
ressentir au Canada. En effet, les installations de GM en Ontario ont dû
mettre à pied du personnel,
car selon la compagnie, il n’y avait pas de travail à faire et peu
d’éléments à assembler. Les opérations à l’usine GM d’Oshawa sont
pratiquement à l’arrêt, et l’usine de moteurs de St. Catharines
fonctionne à moitié. Ce genre de situation ne doit pas permettre à la bourgeoisie de diviser les prolétaires, lesquels doivent toujours demeurer solidaires les uns des autres et se rappeler que ce ne sont pas les grévistes, mais bien les capitalistes, qui sont les véritables responsables de ces contrecoups. En
effet, ce sont eux qui, d’abord, imposent des conditions de travail
inacceptables, forçant les ouvriers à riposter par la grève; ce sont eux
qui, ensuite, effectuent les mises à pied (ou bien appliquent d’autres
mesures contre les travailleurs) dans le seul but de sauvegarder leurs profits; et ce sont eux qui, plus largement, profitent d’une forme d’organisation sociale dans laquelle règnent le chaos et l’anarchie et dans laquelle les besoins du prolétariat ne sont jamais pleinement satisfaits de toute manière. En somme, l’exploitation capitaliste génère nécessairement la résistance des ouvriers, résistance
qui doit, à chaque épisode de lutte, être soutenue par l’ensemble des
prolétaires – car rappelons-le, c’est le prolétariat dans son ensemble qui subit, jour après jour, cette exploitation, et non seulement les travailleurs de telle ou telle usine.
Les commentateurs bourgeois cherchent à utiliser le fait que les ouvriers et les ouvrières
de GM ont de « bonnes conditions de travail » pour diviser la classe
ouvrière. En effet, de nombreux économistes et autres « spécialistes »
des relations de travail cherchent à mettre en contraste ces conditions de travail et avec celles – moins favorables – des autres travailleurs et travailleuses, et ce, afin de dénigrer les ouvriers de GM en grève. Or, accepter ce discours, c’est se faire avoir
par la bourgeoisie. Les communistes mettent plutôt de l’avant la
nécessité de soutenir, renforcer et unifier la lutte de la classe
ouvrière contre la bourgeoisie en dépassant les limites des
revendications spontanées – et parfois contradictoires – défendues dans le prolétariat. Dans le cas présent, les ouvriers et les ouvrières de GM ont raison de vouloir améliorer leurs conditions de travail, en même temps que les autres travailleurs et travailleuses ont raison de vouloir continuer à travailler. Aussi, il est évident que
le responsable de la grève et des fermetures temporaires d’usines,
c’est l’entreprise capitaliste GM elle-même! Il est donc dans l’intérêt
général du prolétariat que les grévistes et les autres travailleurs et
travailleuses s’unissent contre la multinationale.
Sous le socialisme, les
capitalistes auront été expulsés de l’économie et les moyens de
production (usines, machines, etc.) auront été collectivisés,
c’est-à-dire qu’ils appartiendront à la classe ouvrière dans son
ensemble. Les divisions entre prolétaires vont disparaître puisque les ouvriers et les ouvrières de l’ensemble de la production vont coopérer selon un plan commun. Pour en arriver là,
les grèves telles que celle qui a cours présentement chez GM devront,
de plus en plus, servir de levier à la lutte politique générale contre
la bourgeoisie, lutte pour prendre possession des moyens de production et pour la mise en place du pouvoir ouvrier.
Peu
importe leurs conditions de travail et peu importe le pays où ils se
trouvent, les ouvriers et les ouvrières doivent s’unir contre les
capitalistes!
Contre
les tentatives de la bourgeoisie de diviser notre classe, mettons de
l’avant la lutte pour le contrôle ouvrier sur la production!
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