Dans cette société : on a raison de se révolter dans les quartiers !
la cause du peuple
Depuis le 18 avril, les affrontements se
multiplient dans les quartiers populaires des grandes villes. Les
violences policières ont fait éclater la colère, et contrairement à
2005, les révoltés ne sont pas totalement isolés, une partie de la
population a pris conscience du rôle de la police, des pages de gilets
jaunes relaient les témoignages des habitants et des émeutiers,
soutiennent le mouvement. L’hégémonie de l’extrême droite sur cette
question s’effondre. Dans les masses populaires, il n’y a plus cette
chape de plomb, cette obligation morale de « condamner les violences ».
Pourtant, le traitement médiatique qui en est fait est honteux, en
dessous de tout.
La presse bourgeoise s’acharne : Le Parisien relaie directement la
préfecture de Police, Le Monde applique la vielle théorie de « une
minute pour l’assassin, une minute pour la victime » au nom de la
liberté d’information. Les journaux se désolent : les banlieues se
révoltent contre le confinement qui empêche de dealer, les islamistes
sont derrière cette révolte anti-France…Les quartiers sont les réservoirs d’ouvriers des grandes métropoles
Pourtant, aucun journal ne rappelle les faits essentiels : ces quartiers rassemblent une pauvreté immense, avec, en région parisienne, des loyers hors de prix. Comment la population peut-elle se loger dignement, quand le loyer moyen d’un F4 peut franchir les 1000€, pour un taux de pauvreté au dessus de 40%, comme à Clichy-sous-Bois, Aubervilliers ou La Courneuve ? La situation se répète dans toutes les grandes métropoles.
Ces quartiers concentrent aussi les métiers essentiels de la société : il y a plus d’ouvriers, plus d’employés, en proportion, qu’en moyenne dans la société. Les ouvriers sans papiers, les plus exploités, y sont concentrés. On trouve énormément de boulots précaires : intérimaires, auto-entrepreneurs, par exemple.
La police a pour rôle de rappeler à la population son statut de classe laborieuse et doit lui imposer l’humilité à coup de matraque. Pour légitimer cela, l’arme de l’État, c’est le racisme, qu’il entretient. Le racisme des flics, de l’administration, dans les entreprises, le racisme d’une partie de la population, isole les habitants issus de l’immigration, coupe leurs revendications immédiates de celles de l’autre partie du prolétariat.
Voilà ce qui ressort des interviews d’habitants, menées par les journaux. Dans l’Humanité, un jeune homme de 24 ans, livreur chez Amazon et étudiant à l’université Paris-VIII s’indigne : « Ils abusent de leurs pouvoirs, nous parlent mal, sont violents, parfois gratuitement. Ils font ce qu’ils veulent, parce qu’il n’y aura pas de sanction. » Une mère de famille y déclare : « On a peur des policiers, pas du coronavirus. Ils sont très agressifs envers nos enfants. Tout ceci doit s’arrêter. ». Un jeune de quinze ans, dans le même article, dit ne pas avoir porté plainte pour un doigt dans l’anus : il n’a aucune chance de voir une plainte aboutir.
Pour les médias, les prolétaires sont toujours des sauvages stupides et inconscients
Les émeutes, les médias et politiciens eux même sont forcés de l’avouer : c’est la résistance face à tout ça, comme les émeutes des gilets jaunes ont été la résistance face à la paupérisation générale de la classe ouvrière. Les revendications sont claires, comme l’ont été celles Gilets Jaunes : justice et dignité. Mais le traitement médiatique est très différent de celui des révoltes à Hong Kong, en Catalogne, ou ailleurs dans le monde. Les médias peuvent expliquer, trouver légitime la révolte à plusieurs milliers de kilomètres, mais jamais ils ne soutiendront la révolte des prolétaires ici.
Si beaucoup, aujourd’hui, se cachent derrière l’argument « c’est inutile », « c’est désorganisé », « c’est voué à l’échec », pour condamner les révoltes, n’oublions pas que, dans les années 30, la classe ouvrière était organisée, mais les émeutiers étaient traités de la même façon. Les médias, la bourgeoisie et les patrons ne veulent pas que les quartiers populaires redeviennent des bastions de la classe ouvrière, des lieux d’organisation révolutionnaire.
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